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L'adaptation

Jean Valjean est le héros de mon enfance. 

 

Voilà ce que j’ai cru, il y a quelque trente années quand j’ai décidé de produire cette première adaptation. C’était en 1987. J’avais vingt-trois ans.

 

A l’époque, c’était probablement l’occasion d’expier une première période de vie complexe et dure. Le temps du bagne de Valjean faisait en quelque sorte écho avec les propres souffrances que j’avais endurées, le silence et l’abnégation qui rythmaient mon quotidien. Je n’ai vu alors en Valjean qu’une sorte de colosse quasi mythique, herculéen au possible, force de la nature, solide et inébranlable, un modèle de survie dans un environnement hostile.

 

Trente ans plus tard, la vie, l’expérience, la nécessité de pardonner ont fait leur oeuvre et j’ai ressenti le besoin de reprendre ce texte et d’extraire les qualités extrêmes du héros Valjean : la capacité d’admettre sans forcément comprendre, de protéger, de transmettre, de pardonner et surtout d’aimer. Plus que jamais ce Valjean est mon héros.

 

Hugo était un homme exceptionnel, avec ses propres démons, ses souffrances, ses croyances. Un humaniste convaincu, peintre d’une civilisation en pleine mutation, à l’aune d’un progrès social encore balbutiant, issu de siècles de monarchie. Valjean est lui-même son héros. Le parallèle entre l’homme et le personnage est édifiant. Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que son roman connaisse dès sa parution un formidable succès et aujourd’hui plus que jamais il est dans toutes les mémoires. Qui peut ignorer Valjean, Javert, Cosette ou encore les Thénardier ?

 

C’est la force des mots, la puissance des images d’Hugo qui m’ont aussi définitivement convaincu de l’évidence de créer cette adaptation. Pour le comédien, ce verbe est un nectar. Hugo, constituant ses phrases, se joue à merveille des mots, des syllabes, des sons des allitérations.

 

Ce texte est un pur bonheur. Un roman, certes mais dont la puissance a été portée au cinéma, sur scène, au théâtre, en comédie musicale. Il me paraissait simplement essentiel d’en livrer une version intimiste, où l’homme, seul au seuil de sa vie, fort de ses expériences mais parfois submergé de doutes doit affronter dignement son destin.

 

Christophe Delessart

 

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